vendredi 22 janvier 2016

La poubelle et/ou la femme

Je sors enfin des toilettes accompagné d'Alex, j'ai les joues roses, mais ce n'est pas la poudre, c'est le Gin.
Je suis un peu pompette, je marche encore droit dieu merci. Je me précipite vers mon bureau ramasse mes affaires et je me sent prête à affronter Idriss et tous les grands patrons.

Alex me suit, et me soutient. Je marche dans les longs couloirs large et lumineux, les bras chargés de dossiers et de papiers en tout genre. J'ai l'impression que tout le monde nous observe. Comme s'il savait que 10 minutes plus tôt j'avais couché dans une salle de réunion avec le plus grand salop que la terre n'ait jamais porté. Cette pensé me fait trébucher, heureusement je me reprends et continue à marcher. Alex me lance un regard inquiet, et me caresse le bras droit. C’est réconfortant d'avoir quelqu'un sur qui compter surtout dans ces moments-là.
Je m'approche de la grande salle de réunion-conférence, et mon cœur bat à tout rompre. J’aperçois les boss attablés et Idriss qui joue son habituel numéro de charme à une secrétaire. Alex me fait un dernier câlin et me donne une dernière gorgée de Gin ce qui termine la bouteille.
Je me sens un peu vaseuse mais je sais que je peux affronter mes partons et ce connard d'Idriss.
Je m'avance vers la porte, pose la main sur la poignée, prend une grande inspiration et appuie sur la poignée.
Je pousse la porte, personne ne remarque mon entrée, chacun est occupé à sa besogne. Idriss ne pose même pas un regard sur moi. Trop occupé à reluquer la secrétaire qui sert le café visiblement. Pourtant je ne suis pas si mal ! J'ai mis une jolie robe noire cintrée, avec des talons aiguilles et je me suis recoiffée.
Je vois que je ne laisse pas mes partons insensibles l'un d'entre eux me décochent (enfin) un sourire.
Je m'installe à côté d'Idriss. Il tourne la tête :

- Ah ! C'est toi ! Tu as meilleure tête bon on à 2 minutes Monsieur Stadler est retenu au téléphone.
On est bien d'accord, le marketing pompe trop, l'administration des ventes à besoin de budget et la RH doit restructurer ses dépenses ?
Je réponds vaguement un oui sans même le regarder.
Il m’appuie sur la tête et me dit "Brave petite"
Je retire sa main et lui jette le plus mauvais des regards.

Mr Stadler entre enfin, l’adrénaline me monte au joues, elles sont de plus en plus rouges. Il est très bel homme, mais il me déteste.
- Merci de m'avoir attendu messieurs. Je vous présente deux jeunes en alternance dans deux services différents. Mr Loraichi Idriss, du service financier. Brillant jeune homme, qui nous à éblouis par ses talents de prédicateur financiers. Il sait prédit avec exactitude les fluctuations du marché, c'est un espoir pour notre société. Et Athéna M.... je ne connais plus ton nom de famille. ?
- Missaggia répond Idriss en me faisant un clin d'œil.
- Merci Mr Loraichi. C'est une de nos meilleures commerciales, elle sait y faire avec nos clients, mais avec le café c'est plus difficile. N'est-ce pas Athéna ?
J'esquisse un léger sourire alors que dans le fond j'ai envie de lui jeter mon ordinateur au visage.
Et depuis quand Idriss est MONSIEUR Loraichi avec vouvoiement et que moi je suis simplement Athéna.

Il commence à m’agacer violent !

Je me reprends il est temps de montrer que moi aussi je mérite d'être appelé MADAME Missaggia.
La présentation peut commencer. J'ai les mains moites et j'ai des vertiges mais c'est le stress.
Je démarre avec les procédés que nous avons utilisés pour passer la boite au peigne fin. J’enchaîne sur la présentation des directeurs de services, de l'utilité de chaque service, des consommations dont ils ont besoins et je laisse Idriss prendre le relais sur le concrets les chiffres.

Je reste debout, je lui tends la télécommande pour faire défiler les slides, il ne me répond pas. Je lui tends toujours, il me regarde interrogateur et me dit :
- Non, tu ne vois pas que je vais parler concret ! Garde-la tu feras défiler quand je te ferais signe !
- Bien envoyé jeune homme ! Dit un des boss. Il me plaît beaucoup.
Je me sens très mal.
Sueur froide, jusqu'ici tous se passait bien, j'ai été merveilleuse j'ai séduit toute l'assistance, Idriss vient de tout foutre en l'air en deux phrases. Je le hais encore plus. Je suis prise d'un affreux vertige, ma tête tourne, je sens mon cœur jusque dans mes tempes, mon estomac fait des bruits étranges.
Oh ! non ce n’est pas vrai ! J'ai envie de vomir, je tente de me contrôler avec le peu de dignité qu'il me reste. Le manège infernal me prend, la voix d'Idriss m'insupporte, son parfum me donne encore plus la nausée. Je dois quitter la salle. Je me hâte vers la porte du fond est les verrouillé. Je dois passer soit devant Idriss et risquer de vomir devant tout le monde, soit derrière les boss et vomir sur eux. Je suis perdue et mes haut le cœur me reprennent. Merde ! Je suis piégé, je décide de passer devant Idriss. Ce qui le force à s'arrêter de parler.
Le plus jeune des boss me demande :
- Tous va bien mademoiselle ? Je vous vois vous agiter. Vous avez un problème ?
- Heu... Je...

Articuler ces deux mots sont une torture, je sens que je suis au point de rupture. Je me retourne et cours vers la porte. Elle s'ouvre, et je fonce vers la première poubelle que je trouve.
Je me laisse aller. Je pense que c'est le stress ou le Gin. Quoi qu'il en soit c'est horrible, après le café, le vomi. Heureusement je n'ai vomi sur personne.
On me tend un mouchoir. C'est l'homme qui m'avait demandé si ça allait je lève les yeux et vois un sourire bienveillant. J'accepte son mouchoir, et m’essuie la bouche et le peu de dignité qu'il me reste. Il se met à mon niveau et me prend le bras pour m'aider à me relever.
Gênée je bafouille un merci. Et fonce aux toilettes les plus proches.
Il me parle mais je n'entends pas, je ne vois que mon humiliation. Une de plus.

Une fois dans les toilettes, je sors mon téléphone et appel le poste d'Alex.
- Alex Grid, administration des ventes bonjour ...
- Meuf c'est moi ! C'est la merde !
- Athéna, mais c'est quoi ce bordel !
- J'ai vomi dans une poubelle !
Silence. Et explosion de rire.
- Merde Alex c'est pas drôle je vais me faire virer ! Le café, la poubelle et Idriss m'a une nouvelle fois humiliée en public. Et un connard de macho l'a soutenu. Les hommes sont des porcs ...
- Ok on se calme, tu es ou là ?
- Aux toilettes.
- Ok, lave toi la bouche et retournes-y.
- Quoi mais tu es malade !
- Si montre que quoi qu'il arrive tu es sur le pont. Si tu te caches ils vont se dire que tu es une enfant. Alors que si tu y retourne ça prouve que tu es une femme responsable.
- Je ne voyais pas les choses comme ça tu as raison. Bisous à toute.

Je raccroche sans même laisser le temps à Alex de dire quoi que ce soit. Je prends un gorgée d'eau, vérifie ma tête dans le miroir. L'alcool à conserver mon teint rosé, parfait !
Je sors des toilettes affronter les mâles.

Je marche jusqu’à la salle de réunion les gens de l'open-space me regardent avec un air de dégout. J'avais oublié qu'ils ont tout vu.

Je presse le pas et entre finalement. Cette fois mon entrée est remarquée. Tous les regards sont tournés vers moi. Idriss était en train de parler et en me voyant souris pour enfin dire :
- J’espère que tu es enceinte parce que m'interrompre pour rien je ne le supporterais pas.
Des rires ils rient tours et félicite Idriss pour cette blague machiste.
Je réponds fièrement.
- Humm peut être. En tous cas j’espère qu'il ressemblera à sa mère.
Il comprend la blague et cesse de rire, les boss quant à eux sont abasourdis par ma réponse et ne s'y entendais pas.
- Je suis désolé messieurs, parfois noter corps nous joue des tours. Mais je suis toujours sur le pont.
Interloqué, personne ne parle. Je retourne à ma place. Tous les regards sont braqués sur moi. J'ai peur mais dans un dernier élan de courage je parviens à dire :
- Je t'en prie Idriss, heu pardon, Mr Loraichi, continuez. Ponctuez d'une révérence totalement sarcastique.
Il reprend, non sans peine. Il me décoche un regard nuancé de colère, incompréhension et de désir.

Je prends donc mes notes et regarde les patrons. Je remarque que l'homme qui m'a gracieusement offert un mouchoir, a, contrairement aux autres, les yeux rivés sur moi. Je lui souris et il me rend mon sourire.
Je ne comprends pas. Surement de la pitié. Il est au moins gentleman. Il tourne les yeux et se fait envoûter par le discours d'Idriss.
Je range mes papiers tête haute, sourire aux lèvres. La voix d'Idriss ne m’atteint pas, je suis dans mon monde, je m'efforce de ne pas lever les yeux vers lui.

La réunion se termine, quelques poignées de mains et les flatteries de rigueur. Je passe la porte les bras chargés de documents avec mon ordinateur.
Je marche vers l’ascenseur pour regagner mon étage quand j'entends mon prénom :
- Athéna !
C'est Idriss qui cours presque derrière moi.
- Oui !
- Je voulais savoir si ça allait ?
- Oui ça va, mieux que jamais.
- Au fait je voulais m'excuser pour tout à l'heure, j’étais complètement stressé. Pardon si je t'ai blessé.
A ces mots je ne sais pas si je dois le gifler ou l'embrasser.
- Heum.... Ok. Je vais bosser j'ai des affaires en cours. On se voit plus tard.

Je me retourne et je me dépêche pour regagner l’ascenseur. Je suis confuse, entre la colère et l’incompréhension. A quoi il joue ce type, quel est son problème ?
Je sens qu'il me regarde, j'appuie nerveusement sur le bouton d’appel. Je veux me retourner mais j'en ai aucune envie. Mon cœur bat à tout rompre. Je dois être rouge comme une tomate. JE ne sais pas si ce sont les restes du Gin ou Idriss qui me fait cet effet mais j'ai l'impression que je vais quitter mon corps. L'ascenseur s'ouvre enfin, je monte et doit me retourner. J’espère croiser son regard, mais il a disparu. J'appuie sur le numéro de mon étage. Avant que le portes se referme, l'homme qui m'a offert un mouchoir se ru vers moi.
Je retiens l'ascenseur.
- Je vous remercie mademoiselle.
- Je vous en prie.
- Je tenais à vous dire que j'ai apprécié votre présentation. Vous êtes très convaincante. Je comprends pourquoi les ventes ont explosé depuis votre arrivée.
- Je vous remercie. Mais je ne suis pas si compétente.
- Vous vous moquez de moi ! Une jeune femme aussi séduisante que vous ne peut être que compétente. J'ai d’ailleurs apprécier votre aplomb et votre faculté à faire oublier le petit épisode de la poubelle.
Il me sourit chaleureusement, alors que je tente de me cacher dans le contrefort de l’ascenseur tant je suis gênée. J'esquisse une sourire. Il continue sa tirade :
- Des éléments comme vous nous sont précieux au sein de notre société, même si certains dirigeants un peu vieux jeux ne savent pas l'apprécier. Il soupire. Vous êtes bien au 4ème étage ?
Je réponds par un hochement de tête, je ne sais pas comment réagir face à tant de compliments. Je n'ai jamais su faire face au expression sympathique à mon égard.
- Très bien mademoiselle, si vous avez besoin de quoi que ce soit appelé moi.
Il me tend sa carte de visite, au cas où j'ignorais qu'il faisait partie du conseil d'administration. Je la prends avec un sourire pincé.

Les portes de l’ascenseur s’ouvrent enfin, je lui dis au revoir timidement et retourne à mon bureau ou Alex m'attend trépignante pour que je lui raconte ce qui s’est passé.

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